Les violences conjugales faites aux hommes : en 2022, il est temps de déconstruire. par Maître François BOUCHER
Les violences conjugales faites aux hommes :
En 2022, il est temps de déconstruire.
Par Maître Fabien STUCKLE, avocat à BESANCON (SCP CODA)
et M. Clément DIDIER, étudiant UFR SJEPG Besançon
Le sujet des violences conjugales est aujourd’hui, enfin, mis en avant, sur les plans médiatique et politique. Journaux et médias se font l’écho, voire nourrissent, nombre de faits divers violents.
Cette volonté de prise en charge se traduit par un arsenal pénal répressif, qui sous-tend et anime des politiques pénales fermes et déterminées.
« Encore une victime de violences conjugales ? … encore un nouveau féminicide ? … quand les femmes arrêteront-elles de subir les comportements de ces mâles alpha ? ». Tels peuvent être quelques exemples de réflexes qui nous animent : penser les violences conjugales revient à penser, avant tout, au devoir de protection des femmes et aux carences graves qui en sont autant de manquements. En premier et peut-être unique lieu. Et à oublier les hommes.
Sujet tabou dans le sujet tabou : oui, les hommes peuvent, eux aussi, être victimes de violences conjugales, que ce soit au sein de couples de même sexe ou non.
Nos schémas de pensée sont pétris d’automatismes. Les chemins de la déconstruction sont longs et tortueux.
Et si l’on pensait, vraiment, les violences conjugales faites aux hommes ?
Sans pour autant oublier les femmes, évidemment. Sans oppositions ni contradictions. En toute égalité de traitement.
Comme une confirmation de cette tendance à négliger le sujet, il est à regretter le peu d’enquêtes et de statistiques réalisées sur le sujet des violences conjugales faites aux hommes.
Le Ministère de l’Intérieur rapportait que, pour l’année 2018, 28 hommes et 121 femmes avaient été tués par leur conjoint(e) ou ex- conjoint(e) en France.
En 2019, l’INSEE a néanmoins publié une enquête « cadre de vie et sécurité », dont il ressort que 28 % des victimes auto-déclarées de violences conjugales sont des hommes, soit environ 82 000 victimes par an entre 2011 et 2018.
L’actualité internationale actuelle fait une place au sujet, par effet médiatique d’aubaine, ne soyons pas naïfs et parce que la victime revendiquée se nomme Johnny DEPP.
Après avoir été accusé de violences envers son ex-compagne, Amber HEARD, ce dernier se trouve désormais dans la position de dénoncer des violences conjugales.
L’affaire fait grand bruit, le procès relayé minute par minute par tous modes de médias.
Mais nous n’avons pas tous un patronyme illustre ou renommé. Et les anonymes doivent eux aussi pouvoir être pris en charge par des professionnels, de la médecine comme du droit, être écoutés, entendus. Leurs dénonciations doivent pouvoir être traitées dans un temps juste et acceptable, par des personnes formées à leur accueil et au recueil de leur parole, dans le respect des droits de chacun.
En 2022 il est temps de briser le tabou des violences faites aux hommes, qu’elles soient physiques, morales, économiques, etc.
Il est temps de ne plus faire porter à ces victimes la culpabilité que leur impose une construction sociale et des valeurs archaïques.
Il est temps de dépasser les modèles, pour écouter ce que chacun a à dire de ce qu’il vit dans la sphère de l’intime.
Il est temps de donner leur juste place à ces victimes.
Il est temps de ne plus supporter cette atteinte aux droits de l’ « h » omme.